À la maternelle, apprendre à écrire son prénom est une étape motivante et significative qui soutient l’identité de l’enfant, la motricité fine et l’éveil à l’écrit. Cet apprentissage se fait progressivement entre 4 et 6 ans, sans que ce soit un prérequis à l’entrée. On commence souvent par écrire en majuscules d’imprimerie, sans lignage, dans des contextes concrets et ludiques comme signer un dessin ou préparer une étiquette. L’enseignante guide doucement la bonne formation des lettres (haut → bas, gauche → droite) et distinguer le fait de dessiner son prénom de celui de l’écrire de façon intentionnelle. Les inversions en miroir sont normales à cet âge et se corrigent par des repères visuels et la répétition. La différenciation passe par l’adaptation des supports, le travail en sous-groupes et la collaboration avec les spécialistes. L’objectif n’est pas la perfection, mais de donner à chaque enfant un premier rapport positif et fonctionnel avec l’écrit.
Dans ce texte, je réponds aux questions que se posent souvent les enseignantes :
Pourquoi apprendre à écrire son prénom ?
À quel moment introduire cet apprentissage ?
Comment le faire de façon efficace et engageante ?
Faut-il privilégier les majuscules ou les minuscules ?
Utilise-t-on des lignes dès le départ ?
Comment différencier les approches selon les besoins des enfants ?
Et que faire si un enfant écrit son prénom « en miroir » ?
Bonne lecture et n'hésitez pas à consulter les liens associés pour aller plus loin selon les sujets.
Premièrement, l’enfant est naturellement motivé par son prénom : c’est lui !! La valeur affective est énorme.
Deuxièmement, parce que le quotidien est rempli de raisons d'entendre et d'écrire son prénom, l'enfant pourra s'exercer souvent et constater rapidement son évolution.
Ensuite son prénom l'aide à comprendre que les lettres ont un sens et qu’elles représentent des sons du langage parlé, notamment les sons de son nom.
Puis, dès l'apprentissage, il peut déjà apprécier une des fonctions de l'écrit car il pourra dorénavant signer fièrement ses dessins.
Justement, son prénom lui permet de faire un apprentissage important, celui de faire la distinction entre le dessin et l'écriture.
On ne pourra réellement parler d'écriture que lorsque l'enfant aura maîtrisé le principe alphabétique (comprendre que les lettres sont des symboles qui représentent des sons) et compris que l'écriture comporte des conventions telles que :
Tant que l’enfant reproduit des traits sans reconnaître la forme globale des lettres, il dessine. Ce n’est que lorsqu’il comprend que les lettres représentent des sons qu’il entre dans l’écriture.
⚠️ Même si ce n’est pas encore de l’écriture, cette étape est très importante pour nourrir sa motivation à entrer dans l’écrit. Cette activité doit être positive. Elle implique de garder en tête que tant que l'enfant dessine, l'atmosphère doit rester ludique et peu pédagogique. Ce n'est pas le moment de corriger sa façon de faire ou de tenter de lui de nombreux conseils pour s'améliorer (à moins que la demande ne vienne de lui).
Le rôle de l’enseignante est d’amener progressivement l’enfant du dessin vers l’écriture à travers les différentes activités de conscience phonologiques de la classe.
Certains enfants auront envie de le faire vers 3 ans et arriverons en maternelle déjà capables. Pour d'autres ce sera nouveau et c'est normal. Cet apprentissage, qu'il serait à mon avis préférable d'appeler « activité » sera stimulé entre 4-6 ans selon les pays, les programmes et les contextes scolaires
Idéalement, on attendra que l'enfant ait développé les préalables moteurs et cognitifs pour le faire avec succès.
Quels sont ces préalables ?
Contrôle postural : pouvoir rester assis avec une bonne stabilité du tronc pour libérer les bras et les mains.
Motricité fine : permettant une prise du crayon fonctionnelle avec les doigts
Coordination œil-main : par exemple être à l'aise pour découper sur une ligne, enfiler des billes ou tracer dans un labyrinthe
Ces lignes et formes, aussi appelées « tracés de préécriture » sont les briques de construction de toutes les lettres. Tant que l’enfant n’a pas acquis une aisance minimale avec ces gestes, il vaut mieux attendre un peu avant de commencer l’écriture des lettres du prénom. Débuter trop tôt peut mener à des compensations de la posture et de la prise du crayon sujettes à devenir des habitudes qui seront difficiles à corriger par la suite. Aussi, certains enfants qui seraient plus perfectionnistes, pourraient être constamment déçus de leur production ce qui pourrait nuire à leur motivation pour entrer dans l'écrit ce qui est précieux à développer et à conserver pour la suite.
Concrètement, vérifier où en est l'enfant et faire un peu de différentiation pédagogique dans les activités. Certains feront plus d'activités de motricité fine, d'autres travailleront la maitrise des tracés de préécriture tout en exerçant à écrire leur nom avec des lettres mobiles plutôt qu'un crayon.
Il est important que l’écriture du prénom soit signifiante pour l’enfant :
signer ses dessins / bricolages ;
écrire son étiquette de présence ;
étiqueter son pupitre ou sa place à la table
Idées d'activités :
Construire les lettres avec de la pâte à modeler, des cure-pipes ou du papier construction
Tracer dans l’air avec le bras ou le doigt
Écrire avec des craies sur un tableau vertical avec de grands gestes
Copier (avec un crayon) à partir d’un modèle devant lui ou à côté de lui (à sa gauche si droitier et à sa droite si gaucher)
À la maternelle, on privilégie généralement :
le prénom en MAJUSCULES pour commencer, parce que les formes sont simples et stables;
puis, selon la progression de l’enfant, on introduit la minuscule en script ou en cursif en 1re année selon l'école ou le pays
Entre 4-6 ans, l’enfant concentre déjà beaucoup d’efforts sur la formation de la lettre elle-même et le contrôle de son crayon. Ajouter le défi de « placer les lettres sur la ligne » peut être une surcharge.
C’est pourquoi il est préférable de commencer sans lignage et de ne pas restreindre l'enfant dans ses gestes. Ensuite, graduellement, on introduit des lignes doubles simples, puis les trottoirs d’écriture pour travailler la taille et le positionnement des lettres. Voir ce texte pour des exemple de type papier / cahier pour la maternelle vs la 1ère année
Dès le début de l'écriture du prénom, il est selon moi pertinent de guider les enfants à apprendre à faire les lettres avec la bonne séquence des tracés. Par exemple, le A débute en haut, suivi d'un saut de crayon pour retourner en haut faire l'autre côté et enfin le tiret connecteur de gaucher à droite.
Bien qu'il n'écrira pas beaucoup de MAJUSCULES l'an prochain en première année, et que ce n'est pas tant des mauvaises à craindre, mais c’est surtout un excellent moment pour apprendre une convention essentielle : il existe une façon prédéterminée d’écrire chaque lettre
Bien sûr, certains enfants s'ajusteront sans soucis l'année suivante mais pas tous. Si j'ai appris que faire « à ma façon » est correct, je pourrai garder cette attitude l'an prochain alors que les impacts de s'exercer à répétition à écrire des lettres de la mauvaise façon seront plus grands sur l'évolution de la qualité / vitesse d'écriture.
Entre 4 et 6 ans, c’est très fréquent de voir un prénom dessiné à l’envers ou des lettres inversées. Après tout, un chat de son profil droit et de son profil gauche est toujours un chat.
C’est une étape normale liée au développement de la latéralité et à l’organisation spatiale.
Plutôt que de le corriger, il est plus intéressant de l’inviter à s’autovérifier. Voici un modèle de A, vérifie s'il est du bon côté.
On multiplie les repères visuels (modèle fixe, ligne de base claire).
Les inversions de lettres s’estompent graduellement et disparaissent habituellement après 7 ans.
L'écriture est une des pratiques d'éveil à l'écrit jugées prometteuses. Selon Prévost et Morin (2011), « Le prénom représente un incontournable de la langue écrite chez les jeunes enfants. De plus, à l'occasion des activités autour du prénom en classe, les interactions sociales entre les élèves et l'enseignante contribue rends positivement à l'appropriation de la langue écrite ».
Le prénom est une porte d’entrée motivante dans l’écrit.
On commence à la maternelle sans pression avec des activités ludiques.
On débute en majuscules, sans lignage, puis on progresse graduellement.
On différencie les activités selon les besoins.
On distingue dessin et écriture du prénom.
On enseigne la bonne séquence de formation des lettres avec des modèles fléchés
Référence : Prévost, N. & Morin, M.-F. (2011). Le prénom des enfants : un point de départ incontournable. Québec français, (162), 44–45. PDF
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