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Et si c’était une dyspraxie visuo-spatiale ? (une composante du TDC)

 

Sauter des lignes en lecture, avoir de la difficulté à attraper un ballon, retrouver ses choses et à bien analyser les obstacles de la rue à pieds ou à vélo...ce sont des conséquences possibles de ce qu'on appelait jadis la dyspraxie visuo-spatiale, maintenant mieux comprise comme étant une composante du Trouble Développemental de la Coordination (TDC) affectant les mouvements et la coordination des yeux ainsi que la perception visuelle.

Dans l’épisode 83 du podcast Bouger pour Grandir, j’ai eu la chance d’échanger avec France Léger, ergothérapeute d’expérience et formatrice passionnée, qui a consacré une bonne partie de sa carrière à faire connaître ce profil particulier d’enfants. Ensemble, on a décortiqué ce que vivent les enfants concernés, comment identifier les signes de la DVS, et surtout, comment les soutenir dans leur quotidien à la maison, à l’école ou pendant leurs loisirs.

Tu trouveras ici des explications accessibles, des exemples concrets et des pistes d’intervention pratiques à partir de ce que j'ai appris durant ma discussion avec France. Mieux comprendre un enfant, c’est souvent ce qui lui ouvre la porte vers plus d’estime, d’autonomie et de plaisir à apprendre.

 

Comprendre la DVS : un trouble discret mais bien réel

On entend parfois parler de dyspraxie, de TDC, de perception visuelle, ou même de difficultés visuo-spatiales… mais comment s’y retrouver là-dedans ? Allons-y étape par étape pour mieux comprendre ce que cache vraiment la dyspraxie visuo-spatiale (DVS), et pourquoi on parle ici d’un trouble subtil, souvent invisible… mais qui peut avoir un grand impact dans le quotidien d’un enfant.

DVS vs TDC 

Bien sûr, tu as déjà entendu parler de la dyspraxie motrice, de TAC ou du TDC (son nouveau nom). C’est en fait la même condition, mais décrite avec des termes différents selon les époques, les langues et les milieux professionnels.

La dyspraxie visuo-spatiale, elle, désigne un profil particulier au sein du TDC, où les défis liés à l’espace, à la vision et à l’organisation prennent beaucoup de place. On ne parle donc pas d’un diagnostic à part, mais bien d’un type de présentation du TDC, avec ses propres particularités.

France Léger le dit clairement : l’enfant avec une DVS vit des difficultés à coordonner ses gestes dans l’espace, à planifier une action motrice quand il faut tenir compte de ce qu’il voit… et à interpréter correctement ce que ses yeux perçoivent. Ce n’est pas qu’un problème moteur, ni uniquement visuel. En fait, c’est l’interaction des deux qui pose problème.

Un trouble invisible

Ce qu’on appelle DVS n’apparaît pas dans les manuels médicaux comme un diagnostic formel. Tu ne le verras pas dans le DSM 5. Pourtant, les enfants concernés existent et leurs difficultés sont bien réelles.

Le danger ? Ce que certains risquent de penser, même en étant bien intentionnés, c’est que l’enfant est paresseux, inattentif, pas motivé… Alors qu’en réalité, il fait souvent de gros efforts pour s’organiser dans un monde où tout passe par le regard et la coordination. 🥲 Et c’est justement ça qui rend la DVS invisible : il n’y a pas de signe physique évident. On la découvre souvent tard, une fois que les difficultés scolaires sont bien installées.

Une façon plus claire d’en parler

France propose une piste intéressante : plutôt que d’isoler la DVS comme si c’était une entité distincte, on peut parler de composante visuo-spatiale du TDC. Cette façon de voir les choses aide à comprendre que certaines personnes auront un profil plus moteur, d’autres plus visuel, et d’autres un peu des deux.

C’est une approche plus fluide, plus fonctionnelle… et surtout plus utile au quotidien pour les parents, les enseignant.es et les intervenant.es.

Retour aux bases : vision, perception visuelle et cognition

Avant d'aller plus loin, prenons un petit moment pour se rafraîchir la mémoire sur les bases. Quand on parle de dyspraxie visuo-spatiale, il faut d’abord savoir faire la différence entre ce que l’œil voit… et ce que le cerveau comprend. Et comme tu le sais bien, cette distinction change tout.

La vision, c’est ce que les yeux perçoivent. 👀 On capte la lumière, les formes, les couleurs. C’est une fonction sensorielle de base. 

Pour comprendre ce qu’on voit, il faut que le cerveau embarque. C’est là qu’intervient la perception visuelle : elle permet de donner du sens à ce qui entre par les yeux. Et cette habileté-là ne se développe pas automatiquement. Elle se construit au fil des expériences, du jeu, des apprentissages… et elle demande bien plus que de bons yeux.

Dans la perception visuelle, il y a deux grandes composantes qui nous intéressent particulièrement en ergothérapie.

D’un côté, il y a les habiletés visuo-réceptives. Elles concernent le mouvement des yeux : fixer un objet, suivre un mouvement, passer rapidement d’un point à l’autre (ce qu’on appelle les saccades). C’est aussi là qu’on retrouve des éléments plus techniques comme l’acuité visuelle, la convergence, ou l’accommodation, souvent évalués chez l’optométriste.

De l’autre côté, on retrouve ce que France Léger appelle les habiletés visuo-cognitives, comme :

  • L’attention visuelle, pour capter ce qu’il faut voir
  • La mémoire visuelle, pour s’en souvenir
  • La discrimination visuelle, pour reconnaître un objet ou une forme parmi d’autres
  • L’imagerie mentale, qui permet de se représenter des images dans sa tête, comme une lettre, un objet ou une position

Quand l’une ou plusieurs de ces habiletés sont fragiles, les impacts sont multiples. Le jeune peut avoir du mal à se repérer sur une feuille, à suivre une consigne écrite, à distinguer une lettre d’une autre ou même à s’orienter dans l’espace autour de lui.

Tu as peut-être aussi entendu le mot visuo constructif. En gros, ce terme désigne la capacité de reproduire quelque chose dans l’espace : copier un dessin, faire un casse-tête, construire un modèle avec des blocs. Il dépend donc du visuo-spatial, mais il va un peu plus loin. Si l’enfant ne perçoit pas bien l’espace, il ne pourra pas le reconstruire correctement.

La DVS au quotidien : ce qu’on peut observer

Une des grandes difficultés avec la dyspraxie visuo-spatiale, c’est qu’elle ne saute pas aux yeux. Et pourtant, dans le quotidien d’un enfant, les signes sont bien là… à condition de savoir où regarder. Voici un résumé des difficultés qu’on pourrait observer :

À la maison

Les enfants avec une DVS sont désorganisés parce qu’ils ne voient pas les choses comme toi et moi. Par exemple :

  • Ils cherchent souvent des objets… qui sont pourtant juste devant eux
  • Ils ont du mal à retrouver leurs vêtements dans un tiroir, leurs jouets dans un coffre ou un ustensile précis dans un tiroir de cuisine
  • Ils mélangent le sens des vêtements ou des souliers, malgré les apprentissages répétés
  • Ils se cognent aux murs, aux coins des meubles, ou font tomber des objets quand ils circulent dans la maison

Et bien souvent, ils perdent l’intérêt pour les activités qui font appel à leurs habiletés visuo-spatiales : dessin, casse-têtes, jeux de construction, etc.

À l’école

L’entrée à l’école est souvent le moment où les difficultés deviennent plus évidentes. Le système scolaire sollicite fortement les habiletés visuo-spatiales : suivre les lignes d’un texte, repérer des lettres, copier au tableau, s’organiser dans un cahier… 

Voici quelques signes qui peuvent apparaître :

  • L’enfant saute des mots ou des lignes en lecture
  • Il perd sa place quand il regarde au tableau, puis revient à sa feuille
  • Son écriture déborde, les lettres ne respectent pas les lignes, les mots sont collés ou espacés de façon inégale
  • Il se désorganise dans ses cahiers, oublie où il en est rendu

Et en mathématiques, c’est pareil :

  • Il aligne mal les chiffres dans une addition, confond des symboles, a du mal avec les tableaux ou les formes géométriques
  • Il peut comprendre le concept… mais ne pas réussir à le poser sur papier

Ces enfants peuvent être brillants… mais ce qu’on voit dans leurs productions ne reflète pas leur réel potentiel. Ce décalage crée souvent de la frustration, une baisse d’estime, voire un retrait. 😞

Dans les loisirs

Côté loisirs, l’enfant avec une DVS va souvent éviter les activités qui demandent une coordination étroite entre les mouvements des yeux et ceux du corps. Les jeux d’équipe, les sports de ballon, les constructions, les arts plastiques, les labyrinthes… ce ne sont pas ses premiers choix. 

Et comme la lecture exige aussi une coordination fine des mouvements oculaires, ce n’est généralement pas une activité vers laquelle il se tourne spontanément, même si son langage oral est riche.

En revanche, plusieurs vont :

  • Préférer les activités individuelles où ils peuvent avancer à leur rythme
  • Avoir un bon potentiel dans les domaines verbaux, auditifs, créatifs : théâtre, humour, mémoire auditive
  • Se diriger naturellement vers les écrnas (surtout si les difficultés motrices sont moins marquées)
  • Et dans certains cas, apprécier des sports répétitifs et prévisibles, comme la natation, où l’environnement est stable et sans obstacles visuels à gérer

Et tu sais quoi ? Ces forces-là sont précieuses. 😊

Miser sur les forces pour accompagner l’enfant

Quand un enfant a des difficultés visuo-spatiales, l’instinct peut être de se concentrer sur ses « faiblesses ». Pourtant, en ergothérapie, on le sait : c’est souvent en misant sur les forces qu’on ouvre le plus de portes. Et ces enfants ont plusieurs leviers qu’on peut activer pour les aider à avancer avec plus de confiance.

Par exemple, la majorité des enfants avec une DVS ont un bon bagage verbal. Ils comprennent bien les consignes orales, ont une mémoire auditive solide, et adorent souvent raconter, jouer avec les mots, ou faire des blagues. Tu peux exploiter ce canal pour leur offrir des repères qui vont les aider à se structurer autrement.

Par exemple, au lieu de miser uniquement sur des horaires visuels chargés, propose-leur une routine verbalisée. Une petite phrase rythmée comme « je ferme mon cahier, je mets mon sac, je vais à la porte » peut faire toute la différence. Tu peux aussi leur apprendre à se parler dans leur tête pour se guider : c’est ce qu’on appelle l’autoguidage. Et plus tôt on le modélise à voix haute, plus facilement ils l’intériorisent.

Côté visuel, les repères restent utiles, mais doivent être clairs, simples et stables. Trop d’images, trop de détails, ça surcharge. 🤯

À l’inverse, un icôn bien choisi, une couleur cohérente (ex. : bleu pour les pantalons, rouge pour les chandails), et une organisation constante des espaces peuvent grandement faciliter la vie quotidienne.

Et surtout, on n’oublie pas de valoriser leurs réussites dans les activités qu’ils aiment. 

Et à long terme ? Ce qu’on peut (réellement) attendre de l’évolution

Tu te demandes peut-être si la dyspraxie visuo-spatiale peut se « résorber » avec de l’aide.

La réponse franche : la DVS est un trouble persistant, au même titre que le TDC. Ce n’est pas quelque chose qu’on « guérit », mais c’est quelque chose qu’on peut apprivoiser, contourner, compenser et vivre avec de mieux en mieux.

Avec de bons accompagnements, les enfants progressent. Ils améliorent leur capacité à se repérer dans l’espace, à planifier leurs gestes, à s’organiser dans leur environnement. Mais il faut savoir que plus les tâches deviennent complexes, plus les défis peuvent réapparaître sous d’autres formes.

Comme ergothérapeutes, notre rôle est justement de préparer l’enfant à affronter ces nouveaux défis en sachant comment s’aider lui-même. L’objectif n’est pas de faire disparaître le trouble, mais de permettre à l’enfant de se dire : « OK, je suis dans une nouvelle situation difficile. Quelles stratégies est-ce que je peux utiliser ? Qu’est-ce qui m’a aidé dans le passé ? ».

Et ça, ça ne se développe pas tout seul. Il faut le modéliser, l’entraîner, l’encourager.

Les enfants qui réussissent à long terme sont souvent ceux qui ont appris à se connaître, à reconnaître leurs défis, mais aussi à identifier leurs forces et à les utiliser. Ce sont ceux qu’on a soutenus avec constance, sans leur coller une étiquette de paresse ou de désorganisation.

Tu le vois sûrement toi aussi : plus on intervient tôt, plus on évite l’accumulation de découragements. On limite les impacts secondaires comme le repli, la perte de confiance ou le désengagement. Et ça, c’est aussi important, sinon plus, que d’aligner les chiffres dans une addition ou d’écrire une phrase bien espacée.

Ce qu’il faut retenir pour mieux accompagner un enfant avec une DVS

Quand on comprend mieux la dyspraxie visuo-spatiale, on arrête de voir un enfant qui ne fait « pas d’effort », et on commence à voir un enfant qui fait de son mieux dans un monde qui ne parle pas toujours son langage. Et ça, déjà, ça change tout.

Voici quelques repères à garder en tête pour aider l’enfant ayant une DVS :

  • La DVS n’est pas un diagnostic médical distinct, mais bien une composante possible du TDC. Comme ergothérapeute, tu es déjà bien placé·e pour intervenir, même sans étiquette formelle.
  • Les enfants avec une DVS ne sont pas moins intelligents. Leur potentiel est là. Il est juste inégalement réparti entre le verbal et le visuo-spatial.
  • Le problème n’est pas dans les yeux, mais dans l’interprétation de ce qu’ils voient. On doit aller au-delà de l’acuité visuelle et considérer la perception, la mémoire visuelle, l’organisation spatiale.
  • Travailler les habiletés visuo-spatiales en contexte réel est beaucoup plus efficace. Évite les exercices isolés, trop abstraits. On automatise mieux dans les vraies tâches du quotidien.
  • Less is more. Réduis les stimulations visuelles inutiles. Organise l’espace simplement. Crée des repères clairs et constants.
  • Valorise les forces. C’est dans le verbal, l’auditif, l’imaginaire que tu vas trouver des portes d’entrée. C’est aussi par là que l’enfant va retrouver sa confiance.
  • Modélise la verbalisation. Aide-le à se parler dans sa tête, à nommer les étapes, à anticiper ce qui s’en vient. L’autoguidage est un super pouvoir à long terme.
  • N’attends pas que les impacts s’accumulent. Plus on agit tôt, plus on évite le décrochage scolaire, émotionnel ou social.

Accompagner un enfant avec une DVS, c’est accepter que son chemin ne sera pas le même que les autres. C’est lui offrir un GPS adapté à sa manière de se repérer. Et c’est croire qu’avec les bons outils, il peut aller loin. Vraiment loin. 🚀💫

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Tu veux creuser le sujet davantage sur le TDC? Voici quelques ressources complémentaires :

PODCAST BOUGER POUR GRANDIR

  • L'épisode 83 : La dyspraxie visuo-spatiale du TDC avec France Léger 👀
  • L’épisode 79 : Les mouvements des yeux avec Patricia Archambault 👀
  • L'Épisode 21: Quelles interventions pour le TDC ? avec Julie Lavergne 👀
  • L’épisode 7 : Comprendre le TDC (dyspraxie) avec Julie Lavergne 👀

 

P.S. C'est la première fois que tu me lis ou m'entends? Je suis une ergothérapeute canadienne avec 20 + d'expérience en pédiatrie et en enseignement de la perspective et des stratégies de l'ergothérapie à l'échelle internationale.

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